Limites avec Aigurande en Marche
MONTCHEVRIER DU BERRY ET DE LA MARCHE:
la seigneurie d'Aigurande en Marche portait le nom de Rüe d'Agurande, et elle le conserva jusqu'à la fin, concurremment avec celui d'Agurande en la Marche, et plus tard, d'Aigurande en Marche.
" La rue et chastellenie d'Agurande en la Marche estoit tenue et mouvoit en foy et hommage et relevoit directement et en plen fief du roy nostre syre à cause de son chastel et chastellainie de Crozant en la Marche. En laquelle rue et chastellainie d'Agurande en la Marche, qui est adjacente et droict sur la fin et limite du pays et comté de la haulte (sic) Marche, proche et voysine de la ville d'Agurande en Berry, n'y ayant entre deux que le cemetière et le grand chemin, que elle est aussy proche de la chastellenie et rue d'Agurandettes appartenant à mondict seigneur, un grand chemin entre deux, et consistant (la rue d'Agurande en la Marche) en une longue et grande rue composée de vingt cinq à trente maisons basties tout le long du chemin et limites du Berry qu'elle ha pour jouxte du costé de septentrion (1).
"Le seigneur y avait droit de justice, comme à Aigurande même. Les habitants étaient soumis aux mêmes devoirs - entre autres, au guet,- et jouissaient des mêmes droits que ceux de la ville. Notamment le seigneur prenait " ses droicts et devoirs " sur les marchandises vendues les jours de foires comme pour celles exposées en vente " en la ville et foires de Berry, parce qu'icelle rue d'Agurande et Agurandettes en Marche sont de la suite et appartenance des dictes foyres et marchés.
" Pour le même motif, la perception de ces droits s'étendait " voyre et aultres maisons adjacentes de la paroisse de Lourdoue-Sainct-Pierre et Measnes (2) ".
Nous ne répéterons pas l'énumération des autres droits dont jouissait le seigneur; ce sont les mêmes qu'à Aigurande. Mentionnons seulement que le droit de mesure s'étendait " sur les demorantz en la rue de l'Aulmosne en la Marche, [assise en la rüe] de Mostierchevrier, qui est des appartenances de ladicte chastellainie, lesquelz sont tenus apporter leurs mesures comme les autres habitantz d'Agurande en la Marche, chascun an par devant les juges et officiers d'Agurande à chascun premier lundy de caresme, pour estre réformés, haslés et marqués (3) ", sous les peines et amendes prévues. Celle seigneurie de l'Aumône en Marche comprenait la partie sud-ouest du bourg de Montchevrier et était considérée à certains points de vue comme une extension de la seigneurie d'Aigurande en Marche (4). "
L'estendue de laquelle rue ou chastellainie de la Rue d'Agurande en la Marche se commence à la croisée des chemins allantz de la ville d'Agurande à l'Orme à la Blonde et de Measnes au Merin, suyvant icelluy chemin d'Agurande à l'Orme à la Blonde tout le long du Boys Bouchard jusques au censif des Rigodins (5), à la rencontre du chemin qui descend de la mestairie de la Chagnade ou Pradedys audict Orme à la Blonde, remontant par ledict chemin de ladicte rencontre à main droite et constoyant ledict Boys Bouchard et la maison de Jehan Gorjon jusques à la traverse ou croisée du chemin venant de Measnes au Merin et suyvant ledict chemin jusques au coing de ladicte Rue d'Agurande en la Marche et rencontre dudict chemin venant à l'Orme à la Blonde, premier (sic) limite cy-dessus (6). "
Cette seigneurie était parfaitement délimitée par des chemins; elle occupait l'espace compris aujourd'hui entre la route de Bonnat - en partant de l'hôtel de Nevers - la rue d'Enfer, le champ de foire et la promenade.
Petite par l'étendue, puisqu'elle avait seulement une surface de cinq hectares à peine (7), la seigneurie d'Agurande en la Marche acquérait une certaine importance par les fiefs qui en relevaient.
C'étaient - tous les deux en Marche - " le fief, chastel, seigneurie d'Aguson, pays de la Haulte-Marche ", et " la seigneurie, fief et justice verye de l'Aulmosne en la Marche, assis en la rue de Mostierchevrier en la Marche (8) ": Il y avait un autre fief - tout était fief à cette époque, - consistant dans " le charnage des laines, cochons et aigneaulx qui se lefve en l'estendue de la rue d'Agurande en la Marche et encore en la Grange à Bouilland et mestairie de la Pradedis qui sont en la paroisse de Measnes, lequel charnage est tenu par Me Jehan André qui en fait foy et hommage à mondict seigneur (9). "
" Laquelle Rue et chastellainie d'Agurande en la Marche, nonobstant qu'elle soit quant au temporel hors le duché de Berry, est néanmoins assise au diocèse de Bourges et en la paroisse de la ville d'Agurande en Berry, comme est de même la rue d'Agurandettes (10)."
(1) Terrier, fol. 36.
(2) Terrier, folio 36 V°.
(3) Terrier, folio 37 V°.
(4) M. l'abbé Renty se rappelle avoir vu une grande pierre, au milieu du village de Montchevrier, qui servait de borne entre la Marche et le Berry.
(5) L'Orme à la Blonde, aujourd'hui la Croix du censif, à la gare même d'Aigurande.
- Le Bois-Bouchard, faubourg d'Aigurande à cette époque, le Bois-Bouchard était un vrai bois et s'étendait des deux côtés de la route de Bonnat. La maison de Jehan Gorjon était située rue d'Enfer (aujourd'hui); c'était celle dont il subsiste encore une tour carrée qui contenait et qui contient toujours l'escalier - en bois, du XVIIe siècle <Cadastre, B 129).
(6) Terrier, folio 38.
(7) Cadastre, D 125-197; le tout fait 4 hectares 98 ares 25 centiares.
(8) Terrier, folios 38 et 39. - Aguson, Eguzon, canton de l'arrondissement de La Châtre: Eguzon fait en effet partie de la Marche en 1277 (Archives de la Creuse, H 248 et 233, folio 15); aveu de Guy de Chauvigny, 1373
(ci-dessus>; une partie de la commune de Bazaiges au nord d'Eguzon était même de la Marche et plaidait en première instance à Eguzon (Hubert, Dictionnaire, Bazaiges); la seigneurie d'Eguzon appartenait en 1390 à Louis de Malval (Archives de la Creuse, H 233. folio 70), en 1768, au sieur de Fromental (Aveu) : on y voit encore les restes du château. Cf. L. BLANCHARD, Eguzon, 189a, in-8°, page 20.
- L'Aulmosne en Marche, Montchevrier, seigneurs en 1580 et 1582, damoiselle de Razay ou Razès, femme de Claude Dumont, sieur de l'Age et Breuil-Ivin <Terrier, 38 V°, Archives de l'Indre, A 105); en 1768 et 1773, le sieur Dumont de Courtaillet (Enchère et aveu, ci-dessous).
Extrait de l'ouvrage "AIGURANDE" de l'époque gauloise à nos jours histoire d'une frontière
par Gabriel MARTIN - Edition AMIAULT - Guéret 1905
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