MONTCHEVRIER: un charmant petit village en Marche-Berrichonne

Montchevrier, situé sur l'ancienne frontière de la France et de la Marche, reste encore composé d'une partie berrichonne et d'une partie marchoise. La borne est toujours visible sur la place du bourg.

La partie marchoise avait son église, son prieur, son école gratuite à Montchezeaux (maison sur la montagne). La générosité des religieux propriétaires avait attiré aux environs quantité d’habitants qui formèrent les villages importants de La Fat (Bois de Faillot) et du Peyron, puis Poirond.

En 1327  le prieuré de Montchezeaux était deux fois plus important que la chapellenie de Montchevrier. (Monastère avec château aux fondations encore visibles.)

Mais celui-ci l'a emporté sur Montchezeaux, dont les biens furent vendus par l'État (avril 1797). Le bourg était autrefois plus important qu'aujourd'hui. Un notaire, un greffier, un médecin s'y succédaient de père en fils. Une brigade était installée à l'Age d’en haut et l'on voit encore la motte ou le bailli, après les seigneurs, rendait justice.

Au bourg, une bourgeoisie locale était assez nombreuse. Les aînés, seuls bourgeois, occupaient les fonctions indiquées plus haut: notaires, Baronnet ou De louche; médecin, Rossignol de La Rue, etc.

Leurs cadets se faisaient marchands pour la plupart et parcouraient telle région choisie da la France, la balle de marchandises sur leur dos ou celui de leurs mulets.  Parfois, ils revenaient plus riches que leurs aînés, restés à Montchevrier.

Le bourg avait toujours son boucher, ses commerçants et une vingtaine de ménages.

La Sylvine, Bois-Bertrand, comptaient de riches marchands. Les villageois de la Marche émigraient comme aujourd'hui la plupart maçons ou charpentiers. Paris, les principales villes, les grands châteaux comme Versailles ont été construits par eux.

En pays frontière, les châteaux fortifiés abondaient: avant-postes de Cluis; Bois-Bertrand; l'Age-Bernard du fer devenu Bras-de-fer avec ses fossés encore visibles ; Le Breuil-Platet dont les fossés intacts sont toujours pleins d'eau; le Moustier-Cherrier au bourg; GateSouris, Montchezeaux.                                    

Plus tard, quand la Marche devint terre française, les fortifications n’eurent plus de raison d'être.

Plusieurs familles nobles sont originaires de Montchevrier et quelques-unes existent encore.

Les hauts et puissants seigneurs de Bois-Bertrand, Fontays, Poribus, Peyd'auson, etc., puis d'autres châteaux jusqu’a Châteauroux.                              

Une demoiselle de Bois-Bertrand, dernière du nom, épousa Un de La  Roche-Aymon, des plus grands noms de France. Leur chapelle (actuellement de Saint-Joseph) leur servait de sépulture.

Les Dargier du Breuil-Platet, possédaient la chapelle de la Sainte Vierge.                              

Les hauts et puissants seigneurs Dumont et Rollin de Courtaillet, le Breuil-Yvain, Hallé, Beaurepaire et autres lieux, étaient fort riches, au dix-septième siècle. L’un d'eux fut colonel de cavalerie à Moulins. Cette famille existe encore.                                      

A Gâte-Souris, les de Razay, puis de Maussabré habitèrent jusqu’a la Révolution. Il y avait souvent un prêtre pour l'instruction des enfants.       `            

La famille de La Rue, originaire de ce village, vit encore aussi. Il en est fait mention dès l’an 1300. Plus tard, un Rossignol, médecin, épouse une demoiselle de la Rue et en prend le nom. Sa maison existe toujours; elle fut acquise par la famille Baronnet.

Les de Fomberat de la Fréminiere, alliés aux de La Lande de Crozon, aux Eslevin de La Forat, de Longbost finirent glorieusement avec un Hérault de Fomberat qui fit toutes les guerres de la Révolution et du premier Empire. Officier supérieur, il mourut en retraite à la Sylvine.

Ce fut la gloire du pays au début du dix-neuvième siècle, par ses blessures, ses décorations, son bel uniforme.                            

Le De Louche, bienfaiteur, dont la pierre tombale existe dans l'église d'Orsennes, est sans doute un ancêtre de la famille De Louche qui, alliée aux Baronnet, occupe durant trois siècles les charges de notaire royal, de greffier, à Montchevrier.

Au dix-huitième siècle, les De Louche de Pémoret possèdent le Contant, la Sylvine, le Coret, l'Âge, le Gravet et en donnent les noms à leurs enfants.

Les Grazon de la Rouillère sont très considérés à Montchevrier.

Un collège qui semble une école sérieuse attire à Montchevrier des élèves étrangers qui signent étudiants et vont ensuite aux grandes écoles terminer leurs études.

L'un d'eux, venu du Dorat, Gaspard de Labazinière, reste au bourg et s'allie, avec les Baronnet, pour fonder une famille importante.

Toutes ces familles et d'autres encore, s'unissent ensemble, vivent de leurs chasses, des poissons de leurs étangs, de leur basse-cour, sont parrains et marraines de leurs métayers, ouvriers ou voisins, assistent a tous les mariages et enterrements. C'est la vie de famille. Ils ont leur caveau à l’église.

Ils attirent au bourg les de la Seiglière, de la Brugière, du Colombier, de la Forêt etc.

A la Révolution, pour éviter les excès, ils deviennent chefs de la municipalité. Ils ont des membres de depuis longtemps aux fonctions importantes, à la Châtre, à Châteauroux.

Leur influence fait de Montchevrier un chef-lieu de canton rattaché au district ou arrondissement d'Argenton, avec Orsennes, Saint-Plantaire et Pommiers pour communes dépendantes.  

Aujourd'hui, toutes ces familles ont disparu; le bourg perd chaque jour de son importance.

Puissions-nous conserver, avec l'aisance que donne la culture intelligente et laborieuse d’une terre excellente  l'union, qui fait la force et le bonheur, la foi qui règle les consciences et mène au ciel.

Et nous écrirons ainsi une page modeste mais honorable dans l'histoire de Montchevrier.

Tel est le vœu de votre pasteur bien dévoué.

Ch. BLAIN (curé de Montchevrier).

Extrait de l'Almanach Paroissial de Montchevrier de  1913.