MONTCHEVRIER: un charmant petit village en Marche-Berrichonne

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Le moulin à la dame

 

Dans un dénombrement de la terre d'Orsennes, daté de 1374, il est mentionné, parmi les sources de revenus, " le molin d'Orsennes appelé le molin à la Dame " (1). Un pré voisin est désigné aussi sous le nom de " Pré à la Dame ". Cette appellation pourrait rester inaperçue s'il n'était naturel de la rapprocher du nom donné à un dolmen bien conservé, tout voisin du moulin à la Dame et communément appelé la " Pierre à la Marte " .

La Marte était, dans l'ancien langage du pays, un être mystérieux dont l'hostilité supposée faisait redouter et fuir la rencontre.

Moins suspecte d'hypothétique malfaisance, la Dame ou la Fée (ailleurs Fade, Fadette) appartenait aussi à ce monde de l'imagination effrayée.

En présence de ces monuments mégalithiques, dont la science historique cherche vainement le secret, peut-on s'étonner que les simples, renonçant à une explication plausible, n'aient éprouvé , d'autre sentiment qu'une vague terreur. Dans cette gorge étroite du Moulin à la Dame nul n'avait vu le fantôme blanc glisser sur la mousse des pentes sauvages, mais un cadre de

hantise entourait cette pierre énorme, d'un granit fin et dur, élevée sur des supports inébranlables par des efforts surhumains. Son histoire cachée ne recelait-elle pas quelque intervention étrangère d'une puissance inconnue ?

La crainte superstitieuse répandue autour des dolmens contribua, sans doute, à leur conservation. A peu près intacts, comme la Pierre à la Marte, deux autres monuments mégalithiques, de même forme et de même dimension, celui du Chardy (monument historique) et celui de Saint-Plantaire, s'élèvent dans le voisinage d'Orsennes, à une distance sensiblement égale du bourg environ trois kilomètres et demi. Non loin du dolmen du Chardy, au bois Plantaire, on rencontre un autre dolmen plus petit et renversé. Sur la route d'Orsennes à Lourdoueix, tout près de la crête qui domine Lourdoueix, de gros blocs de granit passent aussi pour être les fragments d'un dolmen brisé.

Le dolmen de Saint-Plantaire n'était pas isolé. Le dénombrement de la seigneurie d'Orsennes, en 1618 (2) alto comme limites de la " terragerie " de Bord (commune de Saint-Plantaire) les " pierres Bures " et les " Pierres Noes " et le dolmen de Saint-Plantaire paraît être l'une de ces pierres dont les compagnes auraient disparu.

Les historiens ont longtemps rattaché les dolmens à la civilisation celtique et au culte druidique. Les auteurs les mieux informés, parmi nos contemporains, comme Jean Brunhes, considèrent ces monuments comme bien antérieurs à l'occupation de la Gaule par les Celtes. Leur construction révèle, en tout état de cause, une organisation sociale et une hiérarchie fortement constituée.

D'après Jean Brunhes, les dolmens seraient des tombeaux (3). Cette destination n'exclut pas mais implique plutôt l'intervention de rites religieux. C'est dans cette pensée, sans doute, que pour purifier et sanctifier une pierre consacrée au culte des faux dieux, les habitants du pays, ou peut-être les moines voisins de Grandmont, ont gravé sur le dolmen du Chardy le signe de la Rédemption.

 

(1) Archives nationales, p. 802, n0 736 bis, original sur parchemin. Ce texte, et tous ceux qui, dans la suite de ce travail, seront cités comme provenant des Archives nationales, ont été relevés avec le plus grand soin par Mme Mouneret, ancienne élève de la maison de la Légion d'honneur d'Ecouen.

(2) Archives nationales, p. 802, n0 743. Original sur parchemin.

(3) Histoire de la Nation française, J, Géographie humaine de la France.

Sources: 

Une paroisse berrichonne; Orsennes traces du passé par Maurice Clément - 1938



18/06/2011

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