MONTCHEVRIER: un charmant petit village en Marche-Berrichonne

MONTCHEVRIER: un charmant petit village en Marche-Berrichonne

La fin des loups

 

La fin des loups

 

 

Après la guerre de 1870-1871, le département de l'INDRE, comme la FRANCE en général, connaît une recrudescence des loups, sans doute consécutive à des hivers froids. Donc après la période assez calme qui a précédé, les loups recommencent à faire des dégâts importants. Jusqu'en 1880, on leur donne la chasse, mais elle est moins importante qu'au début du XIXe:

"A THEVET, des chasseurs se sont réunis pour chasser des loups qui commettaient beaucoup de ravages. Ils ont eu la chance d'en tuer un énorme. Huit jours plus tard, ils en ont encore chassé deux, sans pouvoir les atteindre. Le même jour, on a apporté de MONTCHEVRIER sept louveteaux. Il serait bien à désirer cette exemple fut suivi" (1)

Le dernier moyen employé pour détruire le loup est la battue: mais le temps des grandes battues ou l'on réunissait les paysans des communes alentours est révolu. D'ailleurs la circulaire du ministre précise à ce sujet que "dans les cas d'urgence, c'est à dire lorsque des loups sont signalés sur le territoire d'une commune et que leur présence devient un danger pour les personnes et les animaux domestiques, le maire peut ordonner une battue. (2)  

Ainsi en 1971, un informateur de MONTCHEVRIER, âgé à l'époque de 90 ans, nous confiait avoir participé à la fin du XIXe siècle à une battue aux loups (3).

 " (...) ah oui ! j'ai vécu le temps des loups. J'en ai pas vu vraiment dans l'pays, mais j'ai été à la chasse au loup, oui .. dans l'bois d'Grammont... Y'en a un qu'était passé là, qu'avait fait du dégât dans les chiens.. On avait fait une battue, c'était organisé et moi j'ai battu comme les autres.. J'étais gamin. Mais on n'a pas vu d'loups c'jour là ! ...."

Quelques contes de Bas-Berry, mettent en scène des loups. "Le loup et le cornemuseux", nous a été transmis par Mr BRET, Le 16 Avril 1971:

"C’est ma mère qui m'a raconté l'histoire d'un cornemuseux...   il avait été servir une noce, et pis i's'en r'tournait chez lui... il passait dans le bois d' Grammont, mais c'était à l'époque des loups... Il emportait un pain chaud dans sa gibecière, et avait aussi sa musette (terme régional qui désigne la cornemuse). L'envie d'faire pipi...l'prend !   i s'arrête... Il aperçoit un gros loup qui s'am'nait en face de lui à travers bois... Il sentait l'pain chaud c'loup ! ... Alors l'cornemuseux, il est monté sur l'arbre avec son pain, pis sa musette, mais l'loup attendait en dessous de lui... A la fin du compte, il se dit: "Comment qu'c'est j'vas faire... Fau'ra ben que j'm'en aille, l'jour va poindre ! ... Alors il a démanché sa  musette, il l'a b'en gonflée et avec sa ceinture, il l'a descendu jusse sous l'nez du loup... Le loup a mis la patte dessus: "bêê..." qu'elle a fait la musette !... Alors le loup, il a pris peur et l'voilà parti." 

Et de continuer des histoires sur la vie quotidienne dans la région de MONTCHEVRIER et LOURDOUEIX-SAINT-MICHEL: Son père travaillant au moulin d' ORSENNES, rentrait un soir au logis lorsqu'il vit un loup qui coupa la route juste devant lui, et se sauva vers le bois de GRAMMONT.

Enfin voici l'une de ses savoureuses anecdotes dont il avait le secret, et qui sont des images de la vie de tous les jours:

"C'est l'histoire d'un p'tit bonhomme de LOURDOUEIX-SAINT-MICHEL qui allait à l'école. Il avait trouvé un loup dans son ch'min, la bête sortait du bois d' Grammont pour aller sur LOURDOUEIX. Le soir il raconte ceci à son père:

- Dis don' p'pa ! j'ai trouvé un loup dans mon ch'min c'matin, j'i'ai  donné un coup d'pierre, et ben avv'lait quasiment s'dévirer (Signifie retourner à l'intérieur, comme un gant, mais aussi "rebiffer"d'ou le jeu de mot.) ... Si a s'était déviré qui qu'ça f'rait ? 

- Ah, il dit, mon p'tit, l'poil aurait été en d'dans !  " .

( Transcrit d'après un enregistrement effectué sur bande magnétique)

Même écho de la part de Mme LAGONOTTE, née en 1902 et habitant La Sylvine, commune de MONTCHEVRIER:

"Les histoires de m'neux d'loups, me faisaient dresser les cheveux sur la  tête quand j'étais gamine. Autrefois j'écoutais les vieux dire qu'ils allaient à la veillée et tout  d'un coup ils rencontraient quelqu'un qu'ils ne voyaient même pas, tant il était bien caché. Il disait:

- "Veux-tu qu'j't'envoie un de mes conducteurs ? "

Alors ce conducteur, c'était un loup..." 

(Témoignage transcrit d'après un enregistrement effectué sur bande magnétique le 2 juillet 1971 pour le compte de   l'A.E.D.E.F.

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Sources

(1) Article du Moniteur de l'INDRE du 23 Mai 1876, cité dans "l'INDRE en 1876". Op.  cit.p. 22.     

(2) Circulaire du ministre de l'agriculture du 19 Décembre 1882, page 24  

(3) Témoignage recueilli lors d'une enquête organisée par l'A.E.D.E.F. le 16 avril 1971, auprès de Mr Henri BRET, actuellement décédé. Nous avons essayé de respecter l'enregistrement effectué sur bande magnétique. Le fait qu'il nous relate ici se situe, selon nous, dans les années 1890-1895.

C'était un homme d'une gentillesse et d'une amabilité rares. Paysan et charpentier, il nous a reçu  toujours avec beaucoup de compréhension et nous racontait bien volontiers son répertoire d'histoire et de contes. Aussi voudrions nous saluer sa mémoire, celle d'un des derniers conteurs de Bas-Berry, maintenant disparu.

Sources: 

Extrait du livre  "La fin des loups en Bas-Berry" 

de Daniel BERNARD

Avec l'aimable autorisation de l'auteur.



19/06/2011

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