MONTCHEVRIER: un charmant petit village en Marche-Berrichonne

MONTCHEVRIER: un charmant petit village en Marche-Berrichonne

Incidents religieux (Résumé)

 

L'agitation éclata surtout après que les assemblées électorales des districts eurent remplacé, dans  les quinze premiers jours d'avril 1791, les curés qui avaient refusé le serment. Alors l'ancien et le nouveau curé se trouvèrent face à face chacun avec ses partisans. Dans quelques communes il leur arriva de s'entendre, de ne point se molester, de se mettre d'accord sur l'heure de la messe et sur l'usage des ornements de l'église. Mais cette tolérance mutuelle ne fut qu'une exception trop rare.

Très rares aussi furent les insermentés qui, se conformant aux instructions données le 11 Avril par l'archevêque de Puysegur, s'éloignèrent des communes ou leur présence aurait pu devenir le prétexte ou l'occasion de troubles. La plupart engagèrent contre le "jureur" qui venait de les chasser une lutte impitoyable. L'"intrus" n'avait pas de pouvoirs, la confession qu'il recevait était "sacrilège", les sacrements qu'il administrait étaient sans effets. La messe de l'ancien curé était seul valable; l'ancien curé, le vrai pasteur, avait seul le pouvoir d'accorder l'absolution, de donner la communion, de bénir les mariages et les sépultures. Dans la plupart des communes de l'Indre ou le curé avait refusé le serment, il y eu de la fermentation. Mais elle ne se traduisit que rarement par des actes de violence.

Elle ne devint dangereuse, en 1791, que dans quelques communes du district d'Argenton, à Orsennes, à Saint-Plantaire, à Montchevrier, à Mouhet, à Saint-Marcel. Les municipalités de Saint-Marcel, de Montchevrier et de Mouhet prirent le parti du nouveau curé, les municipalités d'Orsennes et de Saint-Plantaire celui de l'ancien......       

A Montchevrier l'existence du curé constitutionnel ne fut aussi qu'un continuel martyre. Il lui fallut lutter (1) non seulement contre son prédécesseur, Lasnier, homme énergique et populaire dans la commune, mais contre son propre vicaire, Valentin, un assermenté pourtant, qui refusa obstinément de "communiquer" avec lui et qui le combattit par tous les moyens. Il eut beau remplacer Valentin: le vicaire dépossédé resta à Montchevrier, continua ses fonctions et rendit la vie insupportable aux nouveaux venus.....

Le directoire de l'Indre se montra impitoyable. il déploya contre les insermentés, dans les localités ou l'ordre public était troublé, une fermeté rigoureuse.....  Il usa de tous les droits que la loi lui conférait. Comme à beaucoup d'autres directoires il lui arriva même de les dépasser. Il fit, par un arrêté, ce que, légalement, il n'avait pas le pouvoir de faire. Sous couleur d'une mesure de police, il commit, pour rétablir la tranquillité troublée, une véritable usurpation de la puissance législative.

Le 5 Mai 1791 (2), surexcité par l'attentat commis contre le curé constitutionnel d'Orsennes, il décida d'enjoindre à Joly et à Lasnier, les insermentés d'Orsennes et de Montchevrier "dont la présence", dit l'arrêté, paraissait être "la cause de la fermentation" qui existait dans ces paroisses, d'en sortir vingt-quatre heures après la notification de l'arrêté et de s'en éloigner au moins à la distance de six lieux, "jusqu'à ce qu'il en eût été autrement statué". Puis, généralisant la mesure, il décida dans la même séance qu'il en serait de même, "suivant la nécessité des circonstances, à l'égard des ci-devant fonctionnaires ecclésiastiques réfractaires à la loi du serment et qui seraient également l'occasion de troubles". Il est vrai que Joly et Lasnier protestèrent (3) et qu'ils refusèrent de se soumettre à un arrêté qu'ils déclaraient illégal. Le 30 Juillet 1791 ils étaient encore dans leurs anciennes paroisses. Mais ce jour-là (4) le directoire, à bout de patience, décida que son arrêté du 5 Mai serai exécuté dans sa rigueur et cette fois ils obéirent. La même mesure allait bientôt atteindre Valentin, l'ancien vicaire de Montchevrier. Le 13 Août 1791 (1) le directoire du district d'Argenton demanda contre lui qu'il lui fût enjoint de se retirer à dix lieues de sa paroisse.                   

  (1) Ibid., Q30. Registre des délibérations du directoire du district d'Argenton relatives aux biens  nationaux, 13 Août 1791.                                      

   (2) Ibid., ibid., ibid., 6 Juin 1791                                                                        

  (3) Ibid., L 805. Registre des délibérations du directoire de l'Indre relatives au district d'Argenton,   23 Juillet 1791.                                                     

  (4) Ibid., ibid., ibid., 30 Juillet 1791                                                                                  

 

Extrait du livre de Marcel BRUNEAU

 

< Les débuts de la Révolution en Berry (1789-1791) >

avec l'aimable autorisation des Éditions ROYER

 

Notes personnelles:    Le vicaire Valentin est le neveu du curé Lasnier, ce qui explique son opposition au nouveau curé assermenté.

 

 

 



21/06/2011

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